29 novembre 2006

Décolonisons !

« Il y a toujours eu des résistances en Afrique … » Dès les premières secondes, la nouvelle compilation de Survie donne le ton. C’est François-Xavier Verschave qui énonce ces mots de sa voix inimitable. Mais il est vite relayé par les tirs croisés de quelques uns des meilleurs rappers d’Afrique de l’Ouest : Lassy King Massassy, Al Peco, Awadi, Dixon (de Tata Pound), … On retrouve en effet dans ce deuxième volume de « Africa wants to be free » quelques uns des héros de la résistance africaine à toutes les formes de recolonisation (Tiken Jah Fakoly, Awadi, …) et ceux qui sentent le besoin d’une décolonisation (du monde, des esprits, …) ici. Et toujours tout un lot de titres introuvables en France : le tubesque « Dépendance » de Kajeem (Côte d’Ivoire), le très littéraire « La victoire des vaincus » d’Apkass et Hamé, l’un des brûlots des prolixes Marseillais Duval MC, …
Le disque est disponible depuis lundi par correspondance pour un prix minime chez Survie (210, rue Saint-Martin / 75003 Paris / 01 44 61 03 25). L’association aurait bien besoin que vous lui envoyiez un petit chèque pour boucler son budget à la fin de l’année. Comme cadeau de Noël, on a connu plus idiot !

28 novembre 2006

Achetez moi !

Cette année, je vote. Vous aussi, me direz-vous. Mais je ne vous parle pas de départager la raide Ségolène et le rude Nicolas. C’est pour les Victoires de la Musique que je vote. Il va me falloir trancher entre Mat Pokora et Gérard Manset, entre Michel Sardou et Brigitte Fontaine ou entre Lorie et les Svinkels avant la mi-décembre. Aussi, amis mélomanes ou amis producteurs, vous reste-t-il peu de temps pour me soudoyer et m’inciter à voter pour vos artistes préférés. J’accepterai touts les formes de corruption : CDs, bières fraîches, voyages à l’étranger, carambars déjà mâchonnés, … mais pas de règlement par chèque ou par carte bleue, ça pourrait se voir.

Une époque formidable ...

Est-il encore possible de dire qu’on vit une époque formidable sans arborer un rictus ironique ? Arthur H ose dans le dernier numéro de Vibrations. Et il a raison. Bien sûr, l’égoïsme et l’hystérie gagnent du terrain quasiment partout … mais, musicalement … Ah, musicalement, il y a tant à entendre ... Nicolas Repac agite ses samples, revisitant Debussy et Satie pour Arthur H., la musique malienne pour Manani Keita et les big bands pour ses propres projets. Abd Al Malik écrit des chansons à pleurer de bonté. Depuis combien de temps n’avait-on pas entendu parler d’amour avec autant d’humanité ? Kurt Wagner a survécu à son cancer de la mâchoire et, comme dirait Abd Al Malik, il nous « piétine le cœur » de sa voix mate sur le nouvel album de Lambchop. Les orgues de Groundation grognent et grondent comme s’ils se savaient les derniers détenteurs du feu sacré. Marisa Monte sort deux par deux des albums d’un classicisme infiniment particulier. Danyel Waro et Titi Robin dialoguent comme s'ils venaient de se rencontrer aux Saintes-Maries de la Mer. Le monde du folk bouillonne d’idées et d’audaces nouvelles. Musicalement au moins, on vit une époque formidable.

20 novembre 2006

Hop, au Pop In

Sacré lieu que le Pop In, le café pop de la rue Amelot, tout en couloirs et en escaliers ! Jon Auer, l’ancien chanteur des Posies, y jouait dimanche soir. Mais, de toutes façons, ce bar est devenu une telle institution avec son ambiance "chambre d’étudiant étranger qui se meuble chez Emmaüs", ses découvertes musicales et ses silhouettes familières (on a toujours l’impression qu’on va croiser l’un des Herman Düne dans le couloir), qu’il vaut le détour à lui tout seul.

Awadi, ce héros ...

Vendredi soir, l’association Stay Calm organisait la projection d’une copie de travail de Fangafrika, un documentaire sur le rap en Afrique de l’ouest. Encore une fois, c’est Awadi qui s’en détache. Le rapper sénégalais chante pendant plus d’un tiers du documentaire avec une lucidité et un talent qui laissent bien loin derrière lui les rappers burkinabè, togolais ou béninois, pourtant doués. Awadi est un héros. Ses chansons devraient remplacer dans les écoles d’Afrique de l’ouest les manuels scolaires importés d’Europe …

16 novembre 2006

Voici venu le temps du réseau ...

Il avait été prophétisé depuis plus de dix ans. Le voici venu, le temps du réseau. Sa phase ultime, même. Fini l’achat de disques ou de DVDs. Fini même le temps du téléchargement de vidéos et de musiques. Nous entrons dans le temps de l’immatérialité absolue, sans même un fichier mp3 qui stagne sur un disque dur. Désormais, les produits culturels seront consommés « à la demande ». Un clic sur une page du réseau et la voix d’Aretha Franklin résonnera dans les enceintes. Un autre et « La soif du mal » d’Orson Welles démarrera, avec sa fascinante scène d’ouverture. Sans téléchargement, donc, mais en instantané, ce qui change la donne : il ne s’agit plus de devenir propriétaire, de façon légale ou non, d’un fichier mais de le louer. Et de le relouer à chaque nouvelle écoute, à chaque nouveau visionnage. Eventuellement en contrepartie d’un abonnement à un site. Pour avoir une idée de ce que donne cette consommation culturelle instantanée et illimitée, vous pouvez, si vous avez une bonne connexion à internet, tester l’offre de fnac.com : l’écoute en direct de plus de 80 000 albums en échange d’un abonnement fixé à 1 euro le premier mois et à 9,99 euros les mois suivants. C'est vertigineux (au moins autant que la connerie de Lagerfeld) et ça amène des milliers de questions ...

Grands philosophes de notre temps ...

Ainsi s’exprime le grand Karl Lagerfeld : « Ce qui m'a dégouté du jazz, c'est les gens qui l'aiment, le côté pantalon de velours, pipe et chemise écossaise un peu débraillée. » Sans commentaire. On a les philosophes qu’on se choisit (ou que les médias choisissent pour nous) …

09 novembre 2006

Michto ! Michto !

« Michto ! Michto ! » s’écriait à tout bout de champ le héros de Gadjo Dilo. On aimerait tous être dans cet état d’éternel émerveillement mais novembre n’y est pas propice. Surtout ce mois de novembre, assourdi par le changement d’heure et les premiers froids. Parlons de moi, si ça ne vous dérange pas : je vous avoue que je suis totalement débordé par un boulot qui s’enfuie en courant et que je m’essouffle à essayer de rattraper. Et la recherche de petits chemins sur les côtés pour y marcher à mon pas me prend beaucoup de temps sans, pour l’instant, laisser entrevoir des lendemains qui chantent juste. D’où une raréfaction de mes messages sur ce blog … Mais il reste des raisons de jubiler, comme ce « Michto maloya », rencontre qu'on espère en apesanteur entre Danyel Waro, le bluesman de la Réunion, et "Titi" Robin, gitan d’Angers dangereusement internationaliste. Ce sera à Aulnay-sous-Bois le 24 novembre et à Saint-Denis le 3 décembre. J’y serai et, si je suis transporté, j’y claironnerai moi aussi « Michto ! Michto ! ».