29 septembre 2006

Le lion du Zimbabwe

Mais qu’est devenue la flamboyance de Thomas Mapfumo ? Sur son nouvel album, le « lion du Zimbabwe » ne rugit plus. Dès les premières mesures, un orgue indolent s’étire en feulant et plonge le groupe dans une profonde torpeur. Tout ce qui fait d’ordinaire la force des meilleurs titres de Thomas Mapfumo est pourtant là : la prose sinueuse, les chœurs féminins hypnotiques, l’infini chapelet de notes qu’égrène la mbira, le « piano à pouces » du Zimbabwe, les guitares acides, … Mais, sur « Rise up », tout semble fonctionner au ralenti, comme dans un rêve. Il manque l’étincelle guerrière qui jusqu’alors transformait le groupe en un formidable big band africain, capable de superposer le son d’une douzaine d’instruments à un rythme d’enfer et de redonner envie de se battre au plus désabusé des opposants à Mugabe. Le disque n’est pas désagréable, certains titres supportent même bien ce sous régime. Il est simplement en deçà de ce dont on rêvait …

Les rats quittent le navire

Le titre n’est pas élogieux mais c’est le premier qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai lu que le groupe Pinault allait revendre la Fnac. Vous comprenez, la Fnac n’est pas assez profitable. Elle n’est pas déficitaire, loin de là, mais sa rentabilité (3,46%) est bien inférieure aux 12 à 15% que peut espérer son actionnaire principal en investissant dans les boutiques de luxe. Et surtout, l’avenir est bien incertain du côté du disque et du DVD. Mieux vaut quitter le navire maintenant, avant qu’un iceberg numérique ne l’ait fait couler.
Pauvres vendeurs de la Fnac, vous qui avez déjà avalé tant de couleuvres, qui avez dû faire le deuil de vos ambitions de service au client, de vos envies de mises en avant personnalisées, que va vous annoncer le repreneur ? Que vous coûtez trop cher et qu'il va vous remplacer par des distributeurs automatiques acceptant la carte bleue ?

28 septembre 2006

De balancer, mon coeur ...

Demain soir, Cesaria Evora participera à l’émission de la Star Academy. Elle chantera « Sodade », une chanson monument qui devrait être inscrite au patrimoine de l’humanité, un blues océanique qui évoque le travail forcé de l’ère coloniale mais parvient vite, lorsque Cesaria s’en empare, à atteindre l’universel. Elle chantera « Sodade », donc, en compagnie de l’un ou de l’une des candidat(e)s. Comme souvent, elle sera ailleurs. C’est sa vie : un exil constant. Elle regardera au loin, prêtera à peine attention à son jeune comparse, fera quelques grimaces d’usage, esquissera un salut de la main puis quittera la scène sous les applaudissements d’un public qui acclame avec la même vigueur Lorie et Charles Aznavour, la gagnante du soir et le musicien qui travaille depuis quinze ou vingt ans à ouvrir de nouvelles voies. Les pragmatiques diront que Cesaria n’a pas la choix, si elle veut être vue des Français, que cette émission n’est honnêtement pas plus détestable que celles de Fogiel (l’agressivité faite nain), Ardisson (et son incontournable question sur la sodomie), Ruquier (de plus en plus racoleur) ou Bern (incapable de prononcer un nom africain correctement, on en a encore eu la preuve cette semaine avec le passage éclair d’Akendengué dans son émission). Les justes diront qu’elle cautionne un jeu qui creuse encore le fossé entre le public et les vrais musiciens. Entre les deux, de balancer mon cœur devrait cesser.

26 septembre 2006

La colère

Impossible d’évoquer la colère sans citer la chanson d’Allain Leprest qui porte ce titre :
« … C’est la sueur de décembre, mourir en italique
Vouloir nouer ensemble la Manche et l’Atlantique
C’est une épée tendue à la barbe des cons
Une fleur de passion aux pétales pointus
C’est le jour moins le jour
C’est un accouchement sans l’aube d’un enfant
Les mâchoires de l’amour
La colère
C’est les yeux qui s’effritent et le poing qui se blesse
Au tranchant des caresses, au baiser de la vitre
Patron, une dernière à la santé du diable
Et je casse mon verre sur le bord de la table
C’est un rire qui balance dans le ciel des gibets
Et son sexe bandé en haut de la potence
C’est le cœur éclaté mais c’est mieux que se taire
De pouvoir la chanter, comme hurler de colère
Sa colère … »
Je me souviens de l’avoir entendue pendant les derniers jours de TSF première formule. TSF était une radio de la Seine-Saint-Denis que le parti communiste avait longtemps financée mais qui ne parvenait pas à se trouver d’autres partenaires après la chute du mur. Personne ne savait alors qu’elle serait récupérée par des proches de Radio Nova pour devenir une radio consacrée au jazz. J’y étais entré pour réaliser une émission consacrée aux musiques du monde, « L’oreille du nomade », deux ans auparavant, au moment où la radio s’ouvrait au mouvement social. Mais la radio allait définitivement mal. J’étais présent le jour où la radio a cessé d’émettre. Et le dernier titre qui a été diffusé, c’était la chanson d’Allain Leprest …

25 septembre 2006

Comme à la radio ...

Une douce et belle colère m’anime depuis un moment, me donne envie d’aller de l’avant. Pas une sainte colère contre les gros malins qui ont spéculé autant qu’ils ont pu sur le prix du disque ou sur la valeur du mètre carré dans les magasins. Pas non plus une sainte colère contre les petits malins qui diffusent sous le manteau des fichiers musicaux, n’ont que le mot « liberté » à la bouche mais vendent au plus offrant leurs bannières publicitaires. Non, une saine colère contre moi-même, qui ai accepté trop longtemps de croire que l’économie de la musique est par essence capitaliste (et non coopérative ou ouverte à d’autres pistes à explorer) et que le fatalisme est son seul mode d’emploi.
Acte I de ma réaction de tendre colérique : j’animerai à partir de mercredi une chronique dans « La quotidienne » de Radio Campus (93,9 FM) à propos des coulisses de la musique. J’essaierai d’expliquer aux jeunes auditeurs de la radio comment se finance leur musique et quels sont les enjeux du moment.
L’acte II et l’acte III sont en cours d’écriture. Ne les manquez pas …

19 septembre 2006

Triste rentrée africaine ...

La rentrée a lieu depuis deux semaines. Un à un, tous les nouveaux disques gagnent bien sagement le bac où ils passeront l’automne, adossés à un intercalaire de plastique, louchant vaguement sur une publicité en carton multicolore qui se balance au dessus de leur têtes. Tous ? Non, pas tout à fait : les disques africains sont étrangement absents. Auraient-ils été expulsés pendant l’été ? Ou simplement victimes du naufrage des producteurs et des distributeurs qui s’intéressaient à la question (dernier en date : le naufrage d’Africa Productions, qui amassait les merveilles sénégalaises dans sa petite boutique de la rue de la Chapelle) ?
Toujours est-il que les nouveautés africaines ne se bousculent pas dans les bacs. Il y a bien sûr le nouvel album de Thomas Mapfumo et celui de Danyel Waro, le prodigieux Réunionnais qui sera en concert au New Morning à la fin du mois. Et on attend le nouveau Ba Cissoko (l’électrique griot de Guinée), le nouveau Ismaël Lo (le baladin sénégalais) et le nouveau Lura (la boule d’énergie du Cap-Vert). Mais c’est surtout le producteur Ibrahim Sylla qui fait l’actualité en rééditant son fonds de catalogue. Il en sort des albums disparus de Boubacar Traore, du Rail Band de Bamako (période Mory Kante), des Ambassadeurs (période Salif Keita) ou du Bembeya Jazz, ainsi que des perles isolées, regroupées dans des compilations thématiques consacrées à la Guinée ou au Congo. Chacun de ces titres est une merveille … mais date des années 60, 70 ou 80. Il est bien triste de constater que ce sont eux qui, à défaut de nouveautés, constituent la rentrée africaine.

18 septembre 2006

L'indien bleu

C’est l’automne indien : John Trudell, le poète et musicien amérindien, revient. Pas en chair et en os mais sous la forme d’un documentaire sur cet éternel révolté qui s’était fait connaître comme porte-parole de l’American Indian Movement au moment de l’occupation de l’île d’Alcatraz en 1969 mais s’était lancé dans l’écriture à la suite de la disparition de sa femme et de ses enfants dans un incendie probablement criminel. Une projection spéciale aura lieu le 12 octobre, à l’occasion de la journée de solidarité avec les peuples indiens des Amériques, au Ciné 104 de Pantin. J'y serai, c'est sûr.


15 septembre 2006

Une bonne compilation ...

Une bonne compilation caritative devrait …
• œuvrer pour une association réellement représentative (on a trop vu d’associations qui « ne représentent qu’elles-mêmes », comme dit Sarkozy, dont les formules sont souvent détestables mais pas toujours fausses)
• fixer dans le livret des objectifs clairs et, si possible, quantifiables, pour elle-même et pour l’association,
• offrir à tous une grande transparence à propos de la gestion des sommes collectées et des résultats obtenus,
• proposer des titres de qualité (engagement et bâclage ne sont pas nécessairement synonymes),
• mettre en valeur des artistes peu connus, même s’ils doivent être encadrés par des « têtes d’affiche »,
• demander aux artistes de donner plus qu’une chanson, notamment qu’ils donnent du temps à l’association pour s’imprégner de son univers,
• permettre aux chansons de parler d’elles mêmes, d’être porteuses de la thématique.
C’est bien sur un exercice difficile. Aucune des compilations caritatives auxquelles j’ai pu contribuer ne remplissent tous ces critères. C’est un idéal. Mais un idéal accessible dont s’approche « Via campesina », la compilation qui sortira cet automne chez Daqui. Il s’agit pour le label d’Aquitaine de faire connaître le mouvement paysan international qui a donné son nom au disque et de financer « Nyéléni 2007 », le Forum Mondial pour la Souveraineté Alimentaire qui aura lieu au Mali. Sur l’album, quelques artistes qu’on ne présente plus (Manu Chao, Cesaria Evora, Tiken Jah Fakoly) voisinent avec des musiciens moins connus (Samir Joubran, le virtuose palestinien du oud, Nahawa Doumbia, la diva du sud du Mali), voire à des révélations (Guafa Trio, Bethany & Rufus), pour parvenir à une compilation qui a presque tout bon. Un projet à soutenir …

A éviter ...

Le « charity show business » est parfois aussi peu reluisant que le show business tout court. Une anecdote navrante … J’ai convaincu (et je le regrette) Meiway, un chanteur ivoirien très populaire en Afrique et dans sa diaspora, d’accepter qu’une de ses compositions à propos de la dette du tiers-monde soit reprise dans une compilation de l’association Pour La Terre. Leur objectif était de produire un disque destiné à promouvoir la « charte de la terre », une initiative écologiste a priori louable. Très bien. Mais, malgré plusieurs demandes, jamais nous n’obtenons une copie du disque pour les archives de Meiway. Pas plus que nous ne recevons d’informations précises. A nouveau sollicité, cette fois pour la mise en ligne de son titre sur I-tunes, Meiway demande à recevoir des royautés puisqu’il a appris que d’autres artistes sont payés. Un accord est trouvé. Et un chèque arrive hier au courrier. Un chèque de 3,25 dollars ! Une insulte quand on sait qu’encaisser un chèque en dollars sur un compte ordinaire français coûte plus de 20 euros. Pas un mot d’excuse, ou même de remerciement. Rien. Si cette association œuvre vraiment « pour la terre », elle ne prépare visiblement pas le monde de respect et de compréhension auquel Meiway et moi aspirons.

14 septembre 2006

Le primitif du présent


« Modern times », le nouvel album de Bob Dylan, n’est pas un « chef d’œuvre », comme on peut le lire ici ou là. Ne gaspillons pas les mots, ce sont nos seules munitions. Un « chef d’œuvre » est un moment de plénitude artistique, un achèvement qui n’arrive dans une vie qu’une fois. Ou deux, quand cette vie est faite de changements, de revirements, de fuites. On accordera à Bob Dylan le droit à deux chefs d’œuvre. Le premier daterait de l’époque où, Judas, il rompit avec les codes du folk, se brancha sur l’électricité et déchira l’icône contestataire qu’il était devenu. Ce serait au choix « Bringing it all back home » (1965), « Highway 61 revisited » (1965) ou « Blonde on blonde » (1966). Le second est une résurrection au sens le plus littéral du terme : Dylan venait d’échapper à un infarctus. C’était en 1997. L’album s’appelle « Time out of mind ». Je l’ai découvert une nuit de ramadan dans un café de la rue des Martyrs. Et je suis resté à l’écouter jusqu’à ce que le bar ferme. Difficile d’imaginer musique plus touchante. Ecoutez « Standing in the doorway » ou « Not dark yet » par une nuit d’orage si vous en avez le courage, vous comprendrez ce que je veux dire : Dylan y est à la fois shakespearien et très humain, le roi est nu et perdu et il le chuchote à l’oreille de l’auditeur qui s’aperçoit soudain qu’il est lui aussi nu et perdu.
« Modern times » n’est pas de cette trempe. Dylan s’est rhabillé. Il a enfilé son costume de cow-boy pour enregistrer un disque de blues à l’ancienne, un disque de blues blanc comme en enregistraient ceux qu’il écoute aujourd’hui (Marty Robins, Wilbert Harrison, Jack Teagarden, the Louvin Brothers, Charlie Poole, Bob Wills, … vous n’avez jamais entendu parler de ces chanteurs des années 30, 40 et 50 ? lui vit en leur compagnie et leur consacre une émission de radio sur XM). Le titre de l’album est bien sûr ironique. Dylan ne veut surtout pas être le chantre des « temps modernes ». Il les évoque (l’inondation de la Nouvelle-Orléans, la ville de son producteur et ami Daniel Lanois, dans « The levee’s gonna break », d’autres catastrophes contemporaines ailleurs) mais la corruption des esprits qui règne aujourd’hui le révulse. Dans une interview publiée ce matin, Sydney Pollack, le cinéaste derrière « Jeremiah Johnson », « On achève bien les chevaux » ou « Tootsie » lâche : « Je n’aime pas ce que mon pays devient mais je ne veux pas être un vieux con qui trouve que tout était mieux avant. C’est un peu de notre faute : nous avons vécu des choses si belles et si intenses pendant les années 60 / 70. Nous avons voulu la démocratie et la culture pour tous et maintenant nous récoltons la médiocrité partout ». Bob Dylan, lui, se fout de passer pour un vieux con. Et il rejette toute responsabilité : il s’est déchargé de la lourde tâche d’incarner la conscience morale de son temps au beau milieu des années 60, lorsqu’il s’est aperçu qu’il n’était même pas de taille à affronter ses propres démons. La seule chose qui lui importe encore est de continuer à chanter le blues. Avec « Modern times », c’est chose faite : l’album est une collection de boogies ou de balades intemporels qui jouent sur le contraste entre un groupe qui swingue comme dans le bon vieux temps et une voix nasillarde d’une tristesse minérale, qui a gagné en expressivité ce qu’elle a perdu en clarté. Pas un chef d’œuvre, certes, mais un bon disque tout de même …

12 septembre 2006

Devinette ...

La blogothèque (http://www.blogotheque.net/mp3) propose une devinette amusante : quel groupe est l’auteur du « disque le plus méprisé du monde » ? Pour deviner, il faut écouter trois extraits. La réponse est étonnante. Dîtes-moi si vous la trouvez. Et dire que j’ai passé la fin de mon adolescence à écouter le groupe qui porte ce nom !

11 septembre 2006

La science du groove

« Il faudrait que des gens pareils ne meurent jamais » … C’est ce que me répétait ma spectatrice préférée tandis que nous pédalions gaiement pour revenir du concert d’Archie Shepp au Cabaret Sauvage. Et c’est effectivement ce qu’on souhaite à Archie Shepp et à sa troupe : toute une éternité de groove. Le vieux maître du jazz militant nous a offert samedi soir un concert mémorable, rugissant en rythme dans son saxophone et chantant d’ébouriffants blues. Aux claviers, Cheick Tidiane Seck s’est tranquillement surpassé et, derrière eux, le groupe (Stéphane Guéry à la guitare, Avery Sharp à la basse, Pavel Shepp à la batterie, …) a été parfaitement à la hauteur de la situation.
Mais c’est aussi au frêle Jalal, le fondateur des Last Poets, que ma spectatrice préférée pensait : Jalal ne devrait pas mourir. Ou alors il faudrait inventer une sorte de canonisation laïque pour les hommes et les femmes qui, comme lui, portent en eux une telle sagesse, une telle histoire, un tel talent, …
Monté également sur scène à plusieurs reprises, Rocé est à l’abri de ces angoisses métaphysiques du fait de son jeune âge mais, s’il se maintient au niveau qu’il a atteint samedi soir, c’est une vie digne de celles de ses vénérables aînés qui lui est promise.

08 septembre 2006

Bal hip-hop-ulaire

Imaginez les Svinkels qui auraient chapardé l’accordéon de Java et toute la matière grise inutilisée de Doc Gynéco et vous aurez une première idée de ce que peut être le « Ministère des Affaires Populaires » (« MAP » pour les plus pressés). Enfin, c’est peut-être un peu plus compliqué que ça … On entend bien chez nos nouveaux ministres la gouaille faubourienne et jubilatoire des Svinkels et les relents de valse musette que Java avaient glissé dans le groove. On y entend aussi des neurones qui crépitent, sans frime mais loin des clichés fatalistes et égocentristes qui plombent le rap d’ici. Mais, surtout, on y entend un humour irrésistible (l’enchaînement « Torture académie » / « Donnez-nous du vrai » est un régal) et un ancrage du côté de la « France d’en bas » inentendu dans ce genre musical. Si vous voulez mon avis, malgré quelques titres aux sonorités orientales un peu plus faibles, « Debout là d’dans » est – juste après celui de Rocé – l’un des meilleurs albums de rap français de l’année ! Mais ne vous fiez pas à mon avis : j’écoute très peu de rap français et l’année est loin d’être finie.

07 septembre 2006

Quoi ? Pardon ?

- Vivendi rachète BMG Music Publishing.
- Quoi ? Pardon ?
- Vivendi, qui détient déjà la plus grosse société de production et de distribution discographique du monde, Universal, rachète pour 1,6 milliard le catalogue éditorial de BMG.
- Quel catalogue éditorial ? BMG édite des livres maintenant ?
- Non mais BMG « édite » des œuvres musicales, c’est-à-dire qu’ils gèrent les droits d’auteur attachés à ces titres. Si tu préfères, à chaque fois qu’une chanson dont ils gèrent les droits rapporte des droits d’auteur, ils en prélèvent environ la moitié.
- Et alors ?
- Alors, avec ce rachat, Vivendi contrôlera 25% du marché de l’édition musicale. Tu peux imaginer le soin qu’ils porteront aux millions de titres qu’ils gèrent et la pression qu’ils pourront exercer sur le reste de l’industrie musicale, notamment sur les sociétés d’auteur comme la Sacem …
- Et tu n’as pas de meilleure nouvelle pour commencer la journée ?

05 septembre 2006

Rentrée musicale à la sauce Shadoks ...

Daniel Schneidermann a signé vendredi dernier dans Libération un papier amusant à propos de la rentrée littéraire et du « buzz » qui fait du roman de Christine Angot « le » roman à lire. L’article devient plus grinçant au final lorsqu’il dénonce, à juste titre, la paresse médiatique qui autorise certains à réduire toute une saison littéraire à un seul roman, comme d’autres réduisent la vie politique française à un duel Sarkozy / Royal. Et tant pis pour les 681 autres nouveaux romans parus au même moment, dont beaucoup, c’est certain, apporteraient bien plus aux lecteurs que celui de Christine Angot (spécial copinage : « Formications », le premier roman de Julien Péluchon, vient de paraître au Seuil) …
Par chance, la rentrée musicale n’est pas une institution aussi établie que la rentrée littéraire. Mais on assiste tout de même à une surenchère médiatique comparable autour d’une poignée de disques. Une toute petite poignée en fait : deux, celui de Miossec (entendu dès la fin août dans les salles des cinémas MK2, en interview partout, même s’il n’a pas grand-chose à dire) et celui de Charlotte Gainsbourg (en couverture de tous les magazines ou presque).
Armé d’un précepte des Shadoks, qui, dans leur infinie folie disaient « Pourquoi regarder où on va ? Mieux vaut regarder sur les côtés. On verra bien à quoi ressemble là où on va quand on y sera », je laisse le hasard me faire écouter les deux disques incontournables de la rentrée. Le hasard a déjà pris la forme d’un voisin porté sur la bouteille et sur Les Inrockuptibles qui nous a asséné le disque de Miossec à plein volume à cinq heures du matin. Pour l’album de Charlotte Gainsbourg, j’espère que le hasard prendra une forme plus douce.
En attendant, je contourne les incontournables et je m’excite à l’idée d’écouter le nouveau Thomas Mapfumo (intimiste, paraît-il), le nouveau Danyel Waro (meilleur que jamais, paraît-il), le premier album des Refugee All Stars (rien à voir avec les Fugees, paraît-il), le nouveau Jean-Louis Murat (« changement d’herbage réjouit les veaux », paraît-il), le nouveau Richard Thompson (un projet très spécial, paraît-il), le nouveau Sam Moore (de Sam and Dave, un retour en grande forme, paraît-il), le nouveau Lambchop (égaux à eux-mêmes, paraît-il), le nouveau Michael Franti (de retour d’Irak, paraît-il), …

04 septembre 2006

Far east ...

Grande bouffée d’air frais, hier, avec l’ouverture du festival d’Ile-de-France au domaine de Villarceaux. Cette année, c’est la « route de la soie » qui est à l’honneur, ce qui nous a valu d’entendre quelques très grands musiciens d’Asie. Au-delà des saisissants chants diphoniques des nomades des steppes, de plus en plus accessibles en France grâce aux tournées de Huun Hur Tu ou d’Okna Tshan Zam, c’était une occasion unique de découvrir l’imposante voix de la Tadjike Sahiba Davlatshaeva, les étranges trompes d’Ouzbékistan et la limpidité éclatante du trio Fan Yin, une formation chinoise traditionnelle qui mérite d’être programmée sur les meilleures scènes. Belles surprises. Grosses émotions (surtout à l’écoute de Fan Yin). En bref, des horizons se débouchent à l’est. Quel bonheur ! Il nous reste un continent entier à explorer, des centaines de traditions musicales radicalement étrangères avec lesquelles dialoguer pour grandir encore. Et les quelques centimètres d’ouverture supplémentaire qu’auront pris nos oreilles nous aideront probablement à découvrir et à apprécier des traditions musicales plus proches mais encore mal connues, en Afrique, en Amérique et même en France …



Pour en finir avec ce triste sire ...

Au moment de s’inscrire à l’UMP, Doc Gynéco a dit de Sarkozy qu’il est son « petit maître à penser ». Quand on connaît la profondeur de la pensée du bon docteur, on se demande si c’est vraiment un compliment …

01 septembre 2006

Sar K.O. zy

Ca y est, la chanson anti-Sarkozy de Zêdess est en ligne sur son site : www.zedess.com. Même si elle ne change pas le cours de l’histoire, elle a visiblement fait du bien à son auteur - qui se venge de l’insultant safari de Sarkozy en Afrique juste après le vote de sa loi sur l’immigration choisie - et elle vous fera probablement du bien aussi …