07 juillet 2006

Pas de blog sur Cuba ...

Soyons sérieux, cessons de bloguer. Nous partons trois semaines à Cuba visiter l'île, danser et pédaler. Je vous raconte tout ça en août.

Vivement la rentrée ...

Personne n’est encore parti en vacances mais beaucoup d’entre nous rêvent déjà de la rentrée. Non pas du retour au travail (désolé, messieurs du Medef, mais personne n’est pressé) mais du festival de rentrée de la Villette. Cette année, « Jazz à la Villette » est consacré aux « Black rebels » et promet plusieurs rencontres extraordinaires, dont celle-ci, o combien excitante : un concert commun d’Archie Shepp, de Jalal des Last Poets, de Rocé et de Cheick Tidiane Seck. On avait déjà vu Archie Shepp et Jalal ensemble sur la scène des Bouffes du Nord et cela avait été un moment mémorable. Mais si on y ajoute Rocé pour quelques vers en français et Cheick Tidiane pour quelques riffs d’orgue torrides (depuis ses premiers exploits au sein du Super Rail Band, aux côtés de Salif Keïta et de Mory Kanté, Cheick Tidiane célèbre avec une ferveur rare les noces du groove et des harmonies mandingues), on approche de la formule magique. A tel point que les autres événements du festival (la venue de Guru et de son Jazzmataz, de Charlie Haden et de son Liberation Music Orchestra, de Saul Williams ou d’Abbey Lincoln) semblent en comparaison fades. Vivement la rentrée …

04 juillet 2006

Chico Buarque : l'élégance carioca

Comment préserver une certaine dignité en cas de grosse chaleur ?
Il suffit de prendre modèle sur l’un des monstres d’élégance qui peuplent le Panthéon musical brésilien. Il est, par exemple, actuellement conseillé de faire tourner "Carioca", le nouvel album de Chico Buarque, sur sa platine. Immédiatement, un vent léger se lève. Le grand homme aux yeux clairs semble insensible à la chaleur. Il a extirpé de ses souvenirs de Rio de Janeiro de quoi nous rafraîchir tout l’été : des bossas novas chuchotées, des sambas ralenties aux cuivres antédiluviens, des chansons superbes que les fantômes qu’on aime (Antonio Carlos Jobim, Vinicius de Moraes, …) viennent visiter, … Le tout forme un petit bonheur simple et apaisant comme une glace au soleil. Au fond du livret, une photo vient redoubler ce bonheur. On y voit le toujours très beau Chico Buarque rire avec quelques uns de ses camarades de studio. Ils rient tellement qu’ils sont obligés de plisser les yeux et de s’appuyer les uns aux autres. Leur bonheur est communicatif. Il suffit de voir cette photo pour retrouver quelque chose qui ressemble fort au sens de la vie.
A défaut de cette photo, voici quelques autres photos de monsieur Buarque, dont une prise en compagnie de Dorival Caymmi



Benjamin et son grand-père, Benjamin et Mandela, Benjamin et sa mère, ...






... et vous trouverez beaucoup d'autres photos du poète / romancier / chanteur / réparateur de "rong radio" Benjamin Zephaniah sur son site, http://www.benjaminzephaniah.com ...

03 juillet 2006

La mauvaise station de radio ?

Mes oreilles sont brûlées et meurtries à l’instant j’ai appris
Que j’écoutais la mauvaise station de radio
Mon esprit a été brutalisé la peine ne peut plus être dissimulée
J’écoutais la mauvaise station de radio
Je commençais à croire que tous les Noirs étaient mauvais
Et que les Blancs règneraient à nouveau
Je commençais à croire que j’étais un toxico irresponsable
Qui ne pouvait contrôler ni son esprit ni sa sexualité
Je commençais à croire que je ne pouvais croire en rien excepté ce rien (…)
J’écoutais la mauvaise station de radio

Mon avenir a été gâché je suis si myope
J’écoutais la mauvaise station de radio
Je commençais à ne plus me faire confiance, en fait je voulais m’arrêter
J’écoutais la mauvaise station de radio
J’ai dansé sur des musiques que je déteste
J’ai récité des publicités à mes copines
J’ai essayé de me convaincre que j’avais vraiment besoin d’une lampe UV
Et d’un prêt bancaire et d’une laque le genre de laque
Qui rendrait le sourire à mes cheveux
J’essayais de me convaincre que je ne pouvais me soucier de personne
Excepté de moi j’essayais de me convaincre que je pouvais soulager ma conscience
En donnant quelques centimes à un enfant affamé en Afrique
Parce que les enfants d’Afrique ont tant besoin de moi
Parce que les enfants d’Afrique ont besoin de mes faveurs
Parce que l’Afrique est pleine de dictateurs et oh oui
La mondialisation apportera une solution
J’écoutais la mauvaise station de radio

Je pensais que mes prochains formaient l’axe du mal
Je voulais partir tuer des gens
J’écoutais la mauvaise station de radio (…)
Je commençais à croire que tous les Musulmans étaient des terroristes
Et qu’il n’existait pas de terroriste chrétien
Je croyais vraiment que le terrorisme ne pouvait pas être l’œuvre d’un gouvernement
Pas notre gouvernement pas un gouvernement blanc
Je ne parvenais pas à voir ce que je faisais de mal
Voyez-vous je donnais des hamburgers aux mendiants
Je commençais à croire que nos enfants étaient meilleurs que les leurs
Leurs enfants mouraient à cause du terrorisme mais je ne pouvais pas les entendre crier
Et un enfant de Palestine ne comptait tout simplement pas
Quel désespoir ? Non les enfants je n’étais pas informé
J’écoutais la mauvaise station de radio

Pendant des années, j’ai été tranquillisé
Maintenant je pense que je suis éduqué
J’écoutais la mauvaise station de radio
Et chaque fois que je tombais malade je prenais la même petite pilule blanche
J’écoutais la mauvaise station de radio
Quand ça a commencé j’étais curieux puis tout est devenu si sérieux
C’était cool dans un premier temps mais maintenant je déteste vraiment l’Iran
Et regardez-moi maintenant je veux me faire des amis au Pakistan
Je veux bombarder l’Afghanistan
Et j’ai besoin que quelqu’un me dise où diable est le Kurdistan
Oui tu peux être mon allié un moment
Jusqu’à ce que je vienne bombarder ton enfant
Et je suis sûr que le Moyen-Orient est un continent
Et je pense que la route de la paix est pavée de bombes
J’écoutais la mauvaise station de radio

(…) J’ai entendu des mensonges, j’ai écouté des espions
J’écoutais la mauvaise station

Je voulais savoir ce qu’une pop star
Se faisait servir au petit-déjeuner quelque part
J’avais besoin qu’on me dise que je ne faisais plus partie de la classe ouvrière
J’avais besoin de savoir si la Bourse avait gagné un pour cent
J’avais besoin de savoir que j’avais un dirigeant pour me donner confiance
J’avais besoin de savoir que ma vie s’améliorerait
Si je me faisais refaire le nez
J’avais besoin d’entendre cet animateur chantonner bonjour bonjour
J’avais l’impression qu’il n’était là que pour moi j’adorais la façon dont il disait
Cette émission était sponsorisée par (…)
J’écoutais la mauvaise station de radio

Vous pigez ça ? (…)
J’écoutais la mauvaise station de radio (…)
Je pleure et j’éclate de rire
Tandis que je me regarde mourir
J’écoutais la mauvaise station de radio

Ecoutez ça
Entendez-vous ?
Ecoutez-moi
Libérez cette fréquence

Bien sûr, ce n’est pas de moi. C’est une traduction hâtive et fragmentaire (malgré l’aide de Claire) d’un texte de Benjamin Zephaniah, un romancier / poète / chanteur anglais d’origine jamaïcaine. « Rong radio station » figure sur son dernier album en date, « Naked », qui date de 2004 mais vient de ressortir dans une édition superbe (un livre cartonné d’une quarantaine de pages assorti d’un disque de remixes). L’objet est trouvable en import pour à peine dix euros sur Amazon.
C’est la première actualité de ce texte, la seconde étant les bouleversements dans la grille des programmes de France Inter. Ecouterons-nous bientôt une « mauvaise station de radio » ?

Grosse mauvaise langue (2)

Rémi a raison, je suis vraiment une grosse mauvaise langue : j’écris que, contrairement aux artistes pop, Juan Luis Guerra fait du Juan Luis Guerra. C’est faux. Juan Luis Guerra oscille très prosaïquement entre bachata et merengue et il doit exister une bonne centaine de groupes en République Dominicaine qui le suivent dans cette voie. C’est le talent qui le distingue mais c’est la distance qui nous donne l’impression qu’il est unique.
Même chose pour bien des artistes dans le champ des « musiques du monde ».
Ca n’empêche pas la question de l’importance de la chanson pour les artistes dont parle Magic d’être une bonne question. Leur passion pour le détail, pour l’ornementation, est significative. Mais de quoi ?

Grosse mauvaise langue (1)

Je suis une grosse mauvaise langue : après négociation, ce n’est finalement pas 300 mais 400 euros que France Culture a versé au groupe africain qui a joué au musée des arts premiers le jour de l’ouverture au public. Ca change tout …