19 décembre 2006

Adieu Ahmet

Ahmet Ertegun est mort jeudi dernier. Avec lui, disparaît l’un des derniers producteurs de disques à l’ancienne. Dans « Ray », l’assez mauvaise biographie filmée de Ray Charles, son personnage apparaît à plusieurs reprises, dans la chambre d’hôtel du chanteur puis dans un studio, où il lui souffle le texte d’une chanson (« Mess around », qu’il signera A. Nugetre … Ertegun à l’envers). Ahmet Ertegun était effectivement le genre de producteur capable de dialoguer d’égal à égal avec un artiste. Et pas n’importe quels artistes : Ray Charles, donc, mais aussi Aretha Franklin, les Drifters, Stick Mc Ghee (l’auteur de « Drinkin’ wine spoo-dee-o-dee », récemment reprise par Richard Thompson), John Coltrane, Charles Mingus, Wilson Pickett, Led Zeppelin, … D’innombrables géants se sont bousculés dans les bureaux d’Atlantic, son label. Quelques photos pour résumer une vie qui est à elle seule un chapitre de l’histoire de la musique du vingtième siècle …

18 décembre 2006

Triste tigre ...

Sous les projecteurs de la Flèche d’Or, samedi soir, il n’avait de fauve que sa crinière. Pour le reste, Fauve, puisque c’est le nom d’artiste de l’une des révélations de la presse cet hiver, n’a rien d’un grand carnassier. Aucune présence, un anglais approximatif, un souffle un peu court, … son album est peut-être plaisant mais le petit Fauve ne semble pas encore prêt à s’aventurer hors des studios.

15 décembre 2006

Quelque chose ne passe pas ...

Ca ne passe pas chez blogger.com. La liberté d'y déposer des commentaires semble réduite. Je fais donc ici un copier-coller du message de Sébastien ...

"Salut François. Puisque tu nous donnes l'opportunité d'écrire sur un album marquant de l'année, et que j'aime les mélanges moi aussi, tout comme Farid, je vais porter ton (votre) attention sur un disque mystérieux dont personne, dans la critique musicale nationale autorisée, n'a parlé. En tout cas, je n'en ai vu fait mention nulle part. Alors voilà, il s'agit de "the world is gone" par Various (ou Various Production). C'est ni plus ni moins que le futur de la musique urbaine dans un sens Anglo-centriste. Souvenez-vous, en 1991 Massive Attack sort "Blue Lines", soit l'album manifeste du Trip-Hop. L'album de Various est de cet acabit (si, si je vous assure... j'abuse, mais il y a de ça tout de même). Various, c'est un collectif de musiciens (blancs ? Noirs ? les deux ?) qui avancent masqués, incognitos (comme à la glorieuse période de le techno... renember, Underground Resistance...). Ils pratiquent une musique sub-urbaine (comme on dirait sub-culture) typiquement britannique : le Grime, qui regroupe tout un tas d'artistes indépendants et de sous-genres (dub step, sino grime, two step... etc.). En gros, c'est la mutation complexe de ce que l'on a appelé le U.K. Garage. Soit la rencontre de la drum & bass, du garage et du hip-hop. Vous ne comprenez rien à rien ? C'est pas grave, just listen ! Le Grime (puisque c'est l'étiquette officielle), c'est le hip-hop des anglais, une musique urbaine sombre, sale et noire (d'où le terme), plutôt lente, avec des sons électroniques vraiment "pauvres" (les dj du mouvement adorent les sons de consoles de jeux vidéos par exemple, et les grosses basses). Parfois, ça sonne dub, parfois ça se rapproche du r'n'b, mais un r'n'b pas du tout glamour et fun. Les artistes du mouvement sont plutôt jeunes et prolos. C'est pour ça aussi que le grime est la seule tendance vraiment révolutionnaire, nouvelle, moderne du moment. Encore une fois, nos amis anglais prouvent que c'est dans le mélange des genres et de l'échantillonnage qu'on crée du neuf. De l'autre côté de la Manche, des artistes comme The Streets, Dizzy Rascal, M.I.A. prouvent que le Grime peut-être commercialement porteur. Le gros de la production reste avant tout underground et axé sur la culture du vinyle (et du web... trouvez les blogs, il y en a plein qui suivent de près l'évolution rapide du mouvement). Comme Massive Attack en son temps, qui a su exploser les fondements de l'Acid Jazz pour créer un style propre, Various Production transcende son propos en mêlant les fondamentaux du Grime au... revival folk actuel ! Et oui, la moitié des morceaux de l'album sont en fait des morceaux folks chantés par de jeunes femmes qu'on imagine diaphanes. En mêlant rythmes urbains arides à la douceur de la geste folk, Various s'invente un style alien qui devrait (on l'espère) inspirer plus largement d'autres artistes. Ne cherchez plus, le futur de la musique est là (en toute mauvaise fois), sous les belles pochettes dessinées du collectif incognito (toutes aussi étranges et à contre-courant que leur musique). Si l'album, signé sur un "gros" indépendant (XL), est facilement disponible, vous serez un sacré veinard en dénichant la tripoté de 45 t. et de maxi autoproduits qu'ils ont déjà à leur actif (épuisés et introuvables). N'attendez pas une année de plus pour écouter et découvrir Various Production... avant que tout le monde n'en parle !Vous ne le regretterez pas (et ça fait toujours bien dans les dîners branchés). Définitivement un son qui a du sens."

Sébastien, qui, soit dit en passant, joue ce soir au Bottle Shop ...

14 décembre 2006

Farid n'entre pas dans la case ...

Allons bon ! Il semblerait qu'il ne soit pas si facile que ça de publier un commentaire sur ce site. Voici donc le commentaire de Farid, qui refuse d'ouvrir un compte Gogol pour un simple message (et il n'a pas tort) ...

"Irie François, que de bons choix. Alors, comme tu demande l'avis de tes lecteurs, perso si je dois rester Franco-français dans ma sélection (et donc jeter aux oubliettes l'album de Filastine "Burn It" chez SOOT Records), j'aurai une préférence pour un artiste que tu connais bien, histoire de bien faire le fayot : Zêdess ... qui va faire un carton avec son "Hongrois au pays des Gaulois". Mais c'est un Africain...Donc pour la France, le seul groupe qui m'a troué le cul comme on dit au pays du beaujolpif, c'est le disque de Pienza Ethnorchestra "Indiens d'Europe".Oui, c'est un de mes disques préférés cette année, non que je me sois converti au Jazz, mais simplement parce que j'adore les mélanges, et qu'avec ce disque j'en prends plein la gueule et les oreilles et ça fait du bien. D'ailleurs, ce choix, c'est aussi pour promouvoir un Label 12 Prod, qui dans l'indifférence générale est en train de produire un répertoire qui fera des étincelles tôt ou tard. Voili, voilou, un avis qui ne vaut rien... tant il est vrai que ce qui m'a interessé cette année, ce ne sont pas les albums des majors (j'aurai bien écouté Abd Al Malik ou Katerine), mais les petites initiatives, les auto-prods, comme celles de Karlit et Kabok, Grrzzz, et bien entendu Kamini !"

13 décembre 2006

Et vous ?

C’est amusant, cette participation aux Victoires de la Musique, ça oblige à ne regarder l’année qui s’achève que sous un angle franco-français et à afficher une partialité terrible : j’ai cité Padam parce qu’ils ont souvent joué au café en bas de chez moi, Katerine parce que c’est un ami de mon libraire, … Et pourtant mon année n’a pas aussi hystérique que le tube de Katerine, ni aussi glauque que celui de Padam. Loin de là.
Et vous, qu’avez-vous fait de cette année ? L’avez-vous passée à chanter le blues (en écoutant pour la dernière fois B.B. King) ou à danser sur le comptoir à demi-nu (en écoutant Gnarls Barkley) ? L’avez-vous passée à errer au loin (en écoutant Ali Farka Touré) ou coincé entre le canapé et la télé (en écoutant du Michel Sardou) ? L’avez-vous passée à lever le poing (en écoutant Keny Arkana) ou à baisser les bras (en écoutant Renaud) ? L’avez-vous passée à dorloter des tout petits (en chantonnant du Yann Tiersen) ou à tutoyer le tout-puissant (en écoutant Faiz Ali Faiz) ?
Si vous deviez résumer votre année par un disque, lequel choisiriez-vous ?

12 décembre 2006

A voté !

Voilà, c’est fait. J’ai glissé le bulletin des Victoires de la Musique dans une enveloppe. Et mon palmarès est ….
Artiste interprète masculin de l’année : Dominique A
Artiste interprète féminin de l’année : Emilie Simon
Artiste révélation du public de l’année : Abd Al Malik
Révélation scène de l’année : Ministère des Affaires Populaires
Album révélation de l’année : « Les vivants » de Dupain
Album de variétés de l’année : « Obok » de Gérard Manset
Album pop rock de l’année : « Taormina » de Jean-Louis Murat
Album de musiques urbaines de l’année : « Identité en crescendo » de Rocé
Album de musiques du monde de l’année : « Grin n syèl » de Danyel Waro
Album de musiques électroniques de l’année : « Lunatico » de Gotan Project
Bande originale de l’année : « Transylvania » de Tony Gatlif
Chanson de l’année : « Louxor, j’adore » de Katerine / « Sous le piano de ma mère » de BabX / « T’es belle » de Padam.
Spectacle musical / la tournée de l’année : Thomas Fersen
Vidéo-clip de l’année : « Marly-Gomont » de Kamini
DVD musical de l’année : « Showtime » d’Arthur H
J’avoue que je regrette déjà certains choix. C’est la malédiction des élections : on est amené à s’exprimer sur des sujets qu’on connaît mal (le clip ou le DVD de l’année, alors que je ne regarde pas la télé) ou à se déterminer en fonction de critères très fluctuants (sera-t-on assez nombreux à voter pour Rocé pour que ce soit utile ?) …
La question amusante est : combien de mes choix seront confirmés par les autres électeurs ? Trois ou quatre, au maximum. Zéro, plus probablement.
Résultat le 10 mars 2007 sur France 2, en direct du Zenith.

01 décembre 2006

La gravité

La chanson française aurait-elle, sans que personne ne s’en rende compte, été contaminée par le gangsta rap ? Textes d’une noirceur sans fond dits d’une voix atone, le regard à terre … Les valses tristes de Da Silva et de Joseph d’Anvers (pour ne citer que deux chanteurs parmi tous ceux que j’écoute pour remplir mon devoir d’électeur des Victoires de la Musique) donnent l’impression d’avoir été enregistrées juste avant de se jeter sous le métro. C’est bien sûr l’effet Miossec : la théâtralisation et la systématisation d’un mal-être que l’on sait être l’une des choses les mieux partagées en France. Mais le parallèle avec le rap permet de remettre les choses à leur place. Un chagrin d’amour est certes un moment difficile mais, si on le compare à un passage à tabac dans un poste de police, à une expulsion du pays où on a grandi ou à une addiction au crack, il devrait être possible de relativiser. « Je viens d’un lieu où chacun se complait à être grave » scande Abd Al Malik, pour évoquer la cité du Neuhoff, à Strasbourg. Si un peu de dédramatisation est possible au pied des tours, pourquoi serait-ce impossible dans les cafés confortables des Abbesses ?

P.S. En explorant la chanson française telle qu’elle s’est chantée en 2006, je découvre des merveilles … Avez-vous entendu « Coming out » de Alexis HK ? « Le chercheur d’or » d’Arthur H ? Le live de Thomas Fersen ? « Porto » de Bertrand Belin ? « J’ai changé » d’Albin de la Simone ? « L’enfant soldat » de Gérard Manset ? « Les vivants » de Dupain ? « L’horizon » de Dominique A. ?