04 octobre 2006

Monstres sacrés

Trois concerts, trois monstres sacrés (ou presque), tel était le programme du week-end dernier.
Vendredi soir, c’était Pierre Akendengué qui était sur la scène de l’Elysée Montmartre. Dans l’indifférence presque générale, tant la publicité pour ce concert avait été mal faite. Peu importe, c’était bien l’auteur d’ « Africa Obota », d’ « Epuguzu », d’ « Oma Ayiya », soit quelques unes des plus belles chansons africaines du siècle dernier, qui se trouvait face à nous, assis sur une chaise une guitare sur les genoux, nous distinguant mal derrière ses lunettes épaisses mais nous écoutant, savourant nos réactions lorsque nous reconnaissions les premières notes d’un morceau ou lorsque nous riions d’une allusion à l’actualité glissée dans un morceau écrit en 1970. Un monstre sacré, un vrai, vénéré dans son pays, entré dans la légende mais, au fond, toujours contemporain et toujours vulnérable …
Samedi soir, c’était Danyel Waro qui fêtait la sortie de son nouvel album au New Morning. Danyel est un monstre sacré lui aussi. Pour les Réunionnais, il représente le maloya, cette plainte dansante qui les ramène à leurs racines. Pour les autres, il représente la poésie faite rythme. Comme d’habitude (c’est la troisième fois que je le voyais en moins d’un an), il s’est donné sans compter. C’est même sa technique de chant : tout sortir d’un coup, sans rien calculer, sans craindre de ne pas arriver à la fin du vers. Une technique unique et fascinante.
Dimanche après-midi, c’était Burhan Oçal qui tentait de se faire passer pour un monstre sacré du Bosphore. D’un regard de braise valsant au dessus d’une moustache de séducteur d’antan, il dirigeait un orchestre d’une vingtaine d’excellents musiciens turcs au Cirque d’Hiver. Lui-même remarquable joueur de derbouka, il s’est malheureusement révélé un chanteur sans charisme et, étonnamment, un piètre batteur. Désolé, monsieur Oçal, mais c’est raté, on ne vous considérera pas ici comme un monstre sacré …

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