28 septembre 2006

De balancer, mon coeur ...

Demain soir, Cesaria Evora participera à l’émission de la Star Academy. Elle chantera « Sodade », une chanson monument qui devrait être inscrite au patrimoine de l’humanité, un blues océanique qui évoque le travail forcé de l’ère coloniale mais parvient vite, lorsque Cesaria s’en empare, à atteindre l’universel. Elle chantera « Sodade », donc, en compagnie de l’un ou de l’une des candidat(e)s. Comme souvent, elle sera ailleurs. C’est sa vie : un exil constant. Elle regardera au loin, prêtera à peine attention à son jeune comparse, fera quelques grimaces d’usage, esquissera un salut de la main puis quittera la scène sous les applaudissements d’un public qui acclame avec la même vigueur Lorie et Charles Aznavour, la gagnante du soir et le musicien qui travaille depuis quinze ou vingt ans à ouvrir de nouvelles voies. Les pragmatiques diront que Cesaria n’a pas la choix, si elle veut être vue des Français, que cette émission n’est honnêtement pas plus détestable que celles de Fogiel (l’agressivité faite nain), Ardisson (et son incontournable question sur la sodomie), Ruquier (de plus en plus racoleur) ou Bern (incapable de prononcer un nom africain correctement, on en a encore eu la preuve cette semaine avec le passage éclair d’Akendengué dans son émission). Les justes diront qu’elle cautionne un jeu qui creuse encore le fossé entre le public et les vrais musiciens. Entre les deux, de balancer mon cœur devrait cesser.

Aucun commentaire: